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Du gym à la montagne

13 November 2025
Texte  
Matt Burbach
Photo  
François Lebeau
Hors-piste

Du gym à la montagne

November 13, 2025

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Matt Burbach

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François Lebeau

Hors-piste

Du gym à la montagne

November 13, 2025

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François Lebeau

Les humains cherchent souvent à reproduire le meilleur de ce que la nature a à offrir. La salle d’escalade en est un bon exemple : de nos jours, à peu près toutes les grandes villes en ont une.

Or, en Amérique du Nord, ce sport est devenu si populaire qu’on le considère désormais comme une forme d’entrainement grand public. Dans la région de San Francisco, une vaste communauté de passionnés pratique l’escalade intérieure depuis plus de 20 ans. Les New-Yorkais ont quant à eux accueilli Brooklyn Boulders il y a près d’une décennie; cette société qui conçoit et administre des gyms d’escalade a depuis fait des petits à Boston et à Chicago. La région métropolitaine de Denver, qui compte l’une des populations de grimpeurs les plus denses au monde, abrite aujourd’hui la plus grande salle consacrée à ce sport en Amérique du Nord. Les gyms d’escalade se multiplient aussi dans les villes canadiennes, comme Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver. Dès qu’il y a des montagnes à proximité, des communautés d’amateurs se forment et investissent ces centres pour s’exercer.

La pratique de l'escalade intérieure ne vise pas qu'à remplacer la grimpe sur les parois naturelles. Ce qu’elle offre, c’est un mélange prisé d’exercices physiques, d’effort mental et d’interactions sociales, et ce, en pleine ville. Elle distille un sentiment de satisfaction immédiat et écarte le grimpeur des distractions de la vie quotidienne. Celui-ci peut — doit! — se concentrer sur le moment présent, en prêtant l’oreille aux encouragements de ses pairs, qui sont là pour l’aider à repousser ses limites. En d’autres mots, c’est un sport parfaitement adapté au citadin actif qui recherche une activité sociale saine, lui permettant de développer sa confiance.

Bien plus qu’un gym

 

Les salles d’escalade donnent en quelque sorte « accès » à un sport autrefois essentiellement pratiqué à l’extérieur. Si l’escalade intérieure permet en effet de se préparer à affronter les parois rocheuses, elle est cependant aussi considérée comme un sport à part entière. Mais le principal avantage du centre spécialisé, c’est qu’il s’adresse autant aux novices qu’aux grimpeurs expérimentés. Les premiers commencent souvent par l’escalade de bloc ou la moulinette, et finissent par gagner l’assurance et les compétences nécessaires pour pratiquer à l’extérieur. Les seconds utilisent plutôt les salles d’escalade pour garder la forme et améliorer certaines techniques spécialisées en suivant des cours.

 

L’escalade de bloc est sans doute le moyen le plus accessible pour s’initier à  la grimpe en salle. Le grimpeur n’a pas besoin d’un harnais ou d’une corde, car il se déplace sur des murs n’ayant que quelques mètres de haut. Le seul équipement requis consiste en une paire de chaussons d’escalade (des chaussures très ajustées avec des semelles de caoutchouc qui adhèrent à la paroi) et un sac de magnésie pour garder ses mains au sec. Des matelas coussinés placés au pied des murs amortissent les chutes, mais il est toujours bon d’avoir un ou deux « pareurs ». Pour cette raison — et parce que tout le monde a besoin de conseils de temps en temps —, le centre d’escalade est particulièrement propice à la rencontre de nouvelles personnes.

 

Si vous souhaitez monter plus haut, voire jusqu’au plafond du gym, essayez plutôt la moulinette. Pour pratiquer ce type d’escalade, vous devrez compter sur l’aide d’un partenaire pour vous assurer (contrôler la corde) pendant que vous grimpez. La moulinette exige plus d’habiletés que l’escalade de bloc, mais une seule journée suffit pour en maitriser les techniques de base. Quant aux grimpeurs plus chevronnés, ils optent souvent pour l’escalade en premier de cordée, ou en tête. Au lieu de passer par un point d’ancrage situé en haut du mur, comme pour la moulinette, la corde est rattachée à la paroi à l’aide de dégaines à mesure que le grimpeur progresse. Celui-ci peut ainsi choisir son propre trajet jusqu’en haut du mur, en toute liberté.

 

D’abord construits pour permettre aux grimpeurs de pratiquer leur sport, les centres d’escalade font aujourd’hui la promotion d’une culture et d’une mode de vie axés sur les interactions sociales. Ils comprennent le wifi, des espaces de travail partagés, des studios de yoga et de mise en forme, et parfois même des services de physiothérapie, de garderie et de restauration — en somme, ce sont des lieux incontournables pour la communauté urbaine des varappeurs.

Un environnement partagé

 

Dans ce contexte, vous vous demandez peut-être : pourquoi irais-je grimper à l’extérieur ? La réponse est simple. Rien ne surpasse les sorties en plein air, les parois naturelles et les magnifiques paysages. Fuir le bruit de la ville pour profiter de la tranquillité de la nature est bénéfique pour l’esprit, le corps et l’âme. Si vous aimez l’escalade en salle, il ne fait aucun doute que vous prendrez plaisir à agripper les fissures et les réglettes d’une véritable paroi de roc.

Mais il faut être préparé à la transition vers cet environnement naturel. Il est particulièrement important d’apprendre à agir de façon responsable et respectueuse. Contrairement aux salles d’escalade, les sites extérieurs ne possèdent ni poubelles, ni toilettes, ni vestiaires; les grimpeurs qui les fréquentent doivent donc veiller à limiter les impacts de leur présence sur l’environnement.

Rappelez-vous que des millions de personnes visitent ces endroits. On y vient pour observer les oiseaux, courir en sentier, randonner, faire du vélo de montagne ou du ski nordique, etc. Nous ne devrions jamais oublier que la grimpe, comme ces autres loisirs, est un privilège et non un droit.

The Access Fund, une organisation à but non lucratif qui s’est donné pour mission de protéger les sites d’escalade, a développé un programme qui promeut une pratique responsable de cette discipline. L’objectif ? Rendre les grimpeurs hyperconscients de leur impact sur l’environnement et à laisser les sites qu’ils fréquentent encore plus propres qu’à leur arrivée.

L’art de l’escalade en plein air

Il faut parfois un peu de temps pour s’adapter à l’escalade extérieure. Après tout, vous y êtes laissé à vous-même : au lieu de vous fier aux prises ou au ruban adhésif colorés indiquant l’itinéraire à suivre sur un mur « désigné », vous devez repérer les aspérités naturelles qui vous permettront d’évoluer sur la paroi. Au départ, il se peut que vous soyez dérouté par les textures variées que vous rencontrerez — de la surface lisse et polie du calcaire à la rugosité des parois de grès —, surtout si vous avez fait vos classes dans une salle d’escalade où toutes les prises se ressemblent. Soyez patient, ne vous attendez pas à réussir d’emblée des voies difficiles.

Si vous vous sentez dépassé par toutes les options qui s’offrent à vous, concentrez-vous sur vos pieds et restez optimiste quant aux possibilités de prises. Expirez longuement pour favoriser détente et vigilance. Si vous n’y arrivez pas, redescendez, prenez un moment de répit et essayez une nouvelle voie quelques minutes plus tard !

À l’extérieur, il n’y a ni cordes ni matelas. Vous devez installer vous-même vos équipements. Il est crucial de les manier correctement : votre sécurité en dépend. Au début, faites-vous accompagner (si possible) par un grimpeur plus expérimenté. De nombreuses salles d’escalade proposent des services de guides pour aider leurs clients à réussir cette transition. Les grimpeurs sont souvent heureux de partager avec d’autres leurs connaissances et leurs ressources.

Le jargon de l’escalade

Un lexique pour mieux comprendre le langage secret des grimpeurs.

 

Assureur

Personne qui contrôle la corde du grimpeur et le retient en cas de chute. Elle fait aussi descendre le grimpeur une fois qu’il a atteint le sommet de la voie.

Beta

Informations au sujet d’une voie. Le terme vient du format Betamax et fait référence aux vidéos dans lesquelles des grimpeurs analysaient leur performance, au bénéfice d’autres grimpeurs : « Je dois trouver du beta sur ce crux [voir ci-dessous]. »

Escalade de bloc

Escalade libre (sans corde) sur des blocs ou des voies horizontales (traversées) à proximité du sol. L’escalade de bloc est souvent associée à de courts passages très complexes et exige une grande force des bras et des doigts.

Crash pad

Gros matelas en mousse utilisé pour amortir la chute d’un grimpeur.

Crux

Passage clé, séquence de mouvements ou de prises particulièrement ardue sur une voie ou un bloc. « Je n’arrive pas à passer ce crux. »

Dyno

Mouvement dynamique qui exige de décoller le corps de la paroi (pour faire un saut d’une prise à une autre, par exemple).

Premier de cordée

Système dans lequel la corde du grimpeur descend directement jusqu’à l’assureur. À intervalles réguliers, le grimpeur relie la corde aux points d’ancrage du mur ou de la paroi à l’aide de dégaines.

Enchainer

Réussir une voie ou un passage sur un bloc. « Je viens juste d’enchainer mon premier V4 [voir ci-dessous] ! »

Moulinette

Système dans lequel la corde du grimpeur passe par un point d’ancrage situé tout en haut de la voie et redescend jusqu’à l’assureur.

V Scale

Les voies de bloc sont classées de V0 à V16. Plus le chiffre est élevé, plus la voie est exigeante.

Whipper

Longue chute pouvant survenir quand on escalade une voie en premier de cordée.

Yosemite Decimal System (YDS)

Système de cotation des voies. Toutes les voies d’escalade avec corde sont classées « 5 »; le chiffre qui se trouve après le point désigne le niveau de difficulté (1 à 15). Les voies plus difficiles que 5.10 se voient accoler une lettre allant de a à d. Une voie 5.10a est plus facile qu’une voie 5.10d.

NOUVEAU MAGAZINE nº17

ÉPHÉMÈRE

Dans ce numéro, nous explorons l’art de l’instant, la mort, la nature, les relations qui se fanent ou se transforment. À travers des récits où l’impermanence et la précarité du vivant se révèlent, nous réfléchissons à la manière dont nous vivons, créons et nous engageons dans un monde en perpétuelle mouvance.
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