September 2, 2023
Photo par
Daniel Skwarna
September 2, 2023
Photo par
Daniel Skwarna
Heidi Earnshaw a passé le plus clair de sa vie parmi les arbres. «Chacun d’eux a son caractère», lance-t-elle. La designer a appris à reconnaitre leurs qualités distinctes après toute une vie à fabriquer des meubles à la main.
Ce qui l’attire le plus dans le bois — la matière principale avec laquelle elle travaille —, c’est sa durabilité. «Certains édifices du 14e siècle sont encore debout, et nous utilisons des meubles datant du 18e», fait remarquer Heidi. Elle tente d’inscrire sa pratique dans cette tradition de longévité. «Je travaille de la même façon qu’on le faisait dans les années 1970, et même dans les années 1870.»
La mise en vente, en 2019, de l’atelier torontois qu’elle partageait avec d’autres artisan·e·s l’a motivée à trouver un espace plus grand et plus abordable, à la campagne — un projet qu’elle caressait depuis des années.
À l’âge de 50 ans, Heidi s’est donc installée à Ferguson’s Falls, dans Lanark County, un village paisible à quelques minutes de la rivière Mississippi.
Elle a d’abord vendu la maison qu’elle possédait avec ses sœurs dans le West End de Toronto. Puis, elle a acheté un bâtiment vieux de 200 ans, le Hollinger Hotel, qui accueillait des bucheron·ne·s au 19e siècle. Elle a entrepris des travaux pour transformer les lieux en maison et en atelier d’ébénisterie fonctionnel, un processus laborieux.
«J’ai fait soulever le bâtiment pour l’installer sur une nouvelle fondation», précise-t-elle, évoquant l’une des nombreuses manœuvres qu’elle a dû opérer pour que l’endroit semi-délabré soit conforme aux normes. «C’est moi, la Torontoise qui a fait déplacer la maison, lance-t-elle avec humour. Ça a fait jaser!»
Bien que dévouée à la forme d’artisanat la plus pure, Heidi utilise la technologie de manière pragmatique, et non pour elle-même. Son approche est analogue, mais pas archaïque; elle adopte la modernité quand le contexte s’y prête.
«J’utilise les techniques élaborées pendant des siècles parce qu’elles ont fait leurs preuves», soutient-elle. Cependant, elle n’hésitera pas à se rendre au magasin du coin pour faire couper un modèle sur une machine-outil à commande numérique, au besoin.
Heidi tient particulièrement à moderniser les aspects qui peuvent réduire l’empreinte écologique de son travail — du bois qu’elle achète aux produits chimiques employés pour la finition de ses créations.
Bien qu’elle espère que ses meubles durent toute la vie, elle les conçoit et les fabrique de façon qu’ils puissent retourner à la terre, avec des huiles et des cires biodégradables, ainsi que des pièces en petite quantité et faciles à enlever.